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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

L’institutionnalisation de la « société de connaissance »

Opération de recherche

Responsable(s) : Alain-Marc Rieu

Documents et archives

Analyse comparative des politiques de recherche dans leur environnement institutionnel.

Sur-titre :

Analyse comparative du rôle, du statut et de l’organisation de la recherche dans les pays industriels avancés : région de Tokyo (Japon), Californie du Nord (Etats-Unis), Région Rhône-Alpes (France) et Union européenne.

B-1 - Objectifs, contexte, problématique, originalité :

1. Un projet transversal aux clusters de la Région Rhône-Alpes

Après trois rédactions successives du projet et sans avoir reçu le moindre financement, le projet ici exposé engage la faisabilité d’une telle recherche dans le cadre institutionnel lyonnais. Il se positionne exactement à l’intérieur du cluster 14 à l’intersection des axes 1 et 2. Une collaboration avec l’axe 6 du cluster 14 s’imposera d’elle-même ultérieurement, à partir d’un certain niveau d’avancement des travaux.

Parce qu’il est crée dans l’Institut d’Asie Orientale, ce projet associera au fur et à mesure de son développement les aires géographiques asiatiques et les spécialités des membres de l’IAO concernés, en priorité les spécialistes de l’innovation et des clusters industriels en Chine et au Japon.

Des synergies avec d’autres clusters sont envisageables mais de telles collaborations supposent que le Knowledge Society Network soit en place et correctement financé. Par exemple :

Cluster 1 : « Microélectronique, nanosciences et nanotechnologies »

Alain-Marc Rieu participe à la recherche organisée par le France-Stanford Center for Interdisciplinary Studies sur « Ethical and societal implications of the Bio-Info-Nano-Cogno Convergence » (1e symposium, Avignon, 17-19 décembre 2006. Voir : www.crea.polytechnique.fr/avignon).

Cluster 4 : « Gestion et organisation des systèmes de production et de l’innovation »

Le présent projet comporte un fort élément « Gestion de la recherche et de l’innovation » en relation avec des universités japonaises.

Cluster 12 : « Dynamiques sociales et territoriales »

Les dynamiques territoriales en Asie de l’Est et dans le Nord Pacifique américain sont déterminées par les politiques de recherche et les pôles de R&D. C’est une des spécialités de l’IAO (voir le site : http://asianclusters.ish-lyon.cnrs.fr/)

2. Une recherche exprimant la conjoncture présente

La volonté de la Région Rhône-Alpes de structurer sa politique de Recherche et Développement s’inscrit dans une conjoncture internationale de régionalisation de la recherche observable dès le milieu des années 1980 au Japon, aux Etats-Unis et, à une moindre échelle, en Allemagne et en Angleterre. L’enjeu de cette recherche est de situer cette politique de la Région Rhône-Alpes dans le contexte international des initiatives similaires.

Deux idées guident cette recherche :
-  La compétition dans la coopération La compétition entre les nations ne repose plus seulement sur les activités industrielles et commerciales mais sur les fondamentaux de ces activités, à savoir la production et la distribution des connaissances. C’est pourquoi il est devenu impératif d’étudier de façon comparative les politiques de recherche. En effet, dans chaque pays et chaque région, la conception et la gestion d’une politique de recherche doit prendre en compte l’état, la configuration et la dynamique des politiques de recherche mises en place par des pays, des régions qui sont à la fois des partenaires et des concurrents. Cette situation exige une intelligibilité nouvelle, plus riche, de la recherche. Ce nouvelle conjoncture est l’objet de ce projet.

-  L’environnement institutionnel fait la différence

Le processus d’innovation dépend de déterminants locaux. La concurrence, l’information, les échanges et les migrations de chercheurs engendrent une homogénéisation progressive de la recherche dans le monde. On observe en même temps des différences majeures entre les régions productrices de savoir. Ces différences reposent moins sur le contenu de la recherche que sur son environnement institutionnel, économique et social, juridique et épistémique.

3. Un projet original

Cette recherche est actuellement unique au monde. Deux universités japonaises où j’enseigne fréquemment, avancent dans cette direction. Aucune n’a pour le moment conceptualisé et institutionnalisé cette problématique. Elles ont accepté de participer à cette recherche. Cette problématique est présente dans les grandes universités de la Baie de San Francisco, sans qu’elle se voit accordée la même urgence qu’au Japon ou qu’au niveau de la Commission européenne.

L’originalité du projet est de se situer dans un Institut d’Asie Orientale et d’organiser ses travaux à partir d’une plate-forme de Recherche et Coopération, le Knowledge Society Network (voir rubrique collaborations internationales).

B-2 - Description du projet et résultats attendus :

Réalité ou idéologie : qu’est-ce que la « société de connaissance » ?

L’objectif est d’analyser pour les évaluer les différents discours et théories sur la « société de connaissance ». Le problème est de savoir de quelle « connaissance » il s’agit et de quelle « société » il est question. L’objectif est d’analyser la construction de cette thématique, les pouvoirs qui s’y expriment et se donnent les moyens de la « performer ».

Les responsables politiques et administratifs, économiques et universitaires, doivent reconnaître que toutes les nations industrialisées aussi bien que les « nouvellement industrialisées » se sont lancées dans la même stratégie, sans mesure pleinement le contexte global et les présupposés de ces stratégies, ni leurs effets et conséquences. La situation est beaucoup plus sérieuse qu’il n’en a l’air.

C’est pourquoi l’enjeu de ce projet est d’étudier les politiques de recherche, les réformes de la recherche, les relations universités-Etat-entreprises (« triple helix »), les thématiques émergentes d’un point de vue comparatif parce qu’il n’y a pas de norme, ni de modèle mais des expériences inscrites dans les contextes institutionnels et géopolitiques. L’objectif est en même temps d’évaluer l’intelligibilité actuellement disponible pour analyser les conditions de production et de diffusion des connaissances dans les sociétés industrielles avancées. La domination des sciences économiques pour décrire et expliquer les différents processus de recherche scientifique et technique est récente et présente de fortes variations et variantes dans le monde, en particulier au Japon, aux Etats-Unis et en Europe.

L’enjeu de cette recherche est donc de structurer dans le continent des sciences de l’homme et de la société et sur une base comparative, une inter-discipline se donnant pour objet l’étude des conditions de formation et de diffusion du savoir dans les sociétés.

Cadre thématique général :
-  Qu’est-ce qu’une « société de connaissance » ?
-  Quels sont les différents types de « société de connaissance » en cours d’émergence ?
-  Comment s’opère leur institutionnalisation, dans quels champs et pratiques de communication, selon quelles épistémologies ?
-  Comment s’opère la compétition entre eux ? Quelles sont les réformes institutionnelles en cours pour répondre à cette compétition ?
-  Quelle connaissance faut-il développer dans les sciences de l’homme et de la société pour comprendre ces évolutions, leurs sources et leurs conséquences ? Thèmes de Recherche et Collaboration prioritaires :
-  l’évolution actuelle des pratiques et de la formalisation de la propriété industrielle en Californie et aux Etats-Unis, l’influence de ces évolutions au Japon. L’enjeu principal sera une nouvelle élaboration de la « triple helix » à partir de ses critiques en cours dans la Baie de San Francisco et dans la recherche japonaise. Une attention particulière sera donnée à la théorie des biens communs et à la façon dont elle est prise en compte dans différents pays (Japon, Allemagne, Finlande, Danemark) Cela conduit dans la Baie de San Francisco et sur la thème de la « convergence » à la conception de nouvelles structures de recherche adaptées à l’évolution des rapports entre la science, la technologie et l’industrie ainsi que le rôle des sciences humaines et sociales dans ces évolutions
-  la « bonne gouvernance de la recherche » : les connaissances nécessaires pour concevoir, développer, mettre en place une politique de recherche : comparaison du 3e Basic Plan for Science and Technology au Japon et du 7e Framework Program for Science and Technology de l’Union européenne (voir Rapport A-M Rieu pour la Commission). Dans ce cadre seront étudiées les réformes de la recherche au Japon et en France depuis les années 1990, ainsi les politiques régionales de la recherche. Il est proposé en particulier de comparer les projets de la Région Rhône-Alpes avec ceux des Préfectures de Sendai (une coopération est déjà en place avec l’INSA et l’Ecole centrale de Lyon) et de Niigata.
-  les normes et régulations. Au delà de la « réforme politique » nécessaire pour prendre en compte le rôle de la recherche dans le développement économique et social, il est nécessaire de prendre en compte ces paramètres dans la compétition entre les nations et les régions dans le monde. Le rôle de ces normes dans la compétition internationale sera étudié à partir de la bioéthique, de son impact sur la R&D, sur le rôle de l’UNESCO et de la place des travaux en Bioéthique de l’UNESCO dans la stratégie japonaise. D’une façon plus générale, l’impact des politiques de recherche sur la théorie et la pratique des relations internationales sera pris en compte (dans la limite de l’intérêt suscité par ces problèmes en France, considérés de la première importance à l’Université de Tokyo).
-  les réformes universitaires dans les grandes régions de R&D, en particulier dans le Bassin Pacifique.

Deux niveaux de communication de la recherche : Le cadre thématique général et les thèmes prioritaires indiquent les recherches menées par les membres de l’équipe et du réseau Société de connaissance. Outre leur publication spécialisée, ces recherches conduisent à l’organisation d’un ensemble de présentation, de débats, tables rondes et séminaires destinés à des acteurs politiques, économiques, universitaires et sociaux répondant à trois objectifs Trois objectifs :
-  Fournir à la Région Rhône-Alpes, aux différents acteurs de la recherche et de l’économie, divers objets de réflexion et de débat (invitations de responsables de la recherche, ouverture de coopération, etc) ;
-  Organiser une série de tables rondes et de consultation pour la création dans l’Université de Lyon d’un programme préfiguration la création d’une école de gestion de la Recherche et Développement.
-  Débat sur la reconfiguration des sciences de l’homme et de la société : a. les nouvelles collaborations entre les sciences dures et les sciences de l’homme et de la société, b. la formation de nouvelles disciplines étudiant les capacités adaptatives des différents systèmes de la recherche, c. la place et le sens de l’éthique dans cette conjoncture.

- Collaborations internationales

Création d’une plate-forme de coopération entre les spécialistes et les institutions des régions concernées, le Knowledge Society Network. Parce qu’il est crée à l’Institut d’Asie Orientale, les collaborations internationales du KSN sont clairement orientées sur le Bassin Pacifique. C’est ce qui explique que le noyau thématique du projet se trouve actuellement au Japon.

L’objectif d’une ouverture sur Lyon et la Région Rhône-Alpes est né de la volonté d’étendre le champ d’étude à l’Union européenne (voir Rapport d’A-M Rieu pour la Délégation de la Commission européenne à Tokyo sur son site web - http://w3.ens-lsh.fr/amrieu/-, aussi disponible sur le site de la Commission).
-  Center for Science, Technology and Society, Santa Clara University, San Jose (Silicon Valley). Directeur Geoffrey Bowker ;
-  Institutional Management of Science and Technology, (COE program), Tokyo Institute of Technology Science. Directeur : Watanabe Chihiro. Le Professeur Watanabe est aussi responsable au International Institute of Applied System Analysis (IIASA) (Laxenburg, Autriche) d’un programme d’étude et d’évaluation des politiques de recherche dans le monde (voir site A-M Rieu).
-  Département Epistemology and history of science and technology (correspondant : Professeur Murata) et département Advanced social and international studies (correspondant : Professeur Yamawaki Naoshi), Université de Tokyo
-  School of Communication, Simon Fraser University. Correspondant : Andrew Feenberg, Canada Research Chair in Philosophy of Technology.
-  La collaboration en Asie de l’Est (ainsi qu’en Asie du Sud) s’opère en même temps dans le cadre des activités du Réseau Asie (directeur : Jean-François Sabouret, CNRS, Paris, Maison des sciences de l’homme)

B-5 - Justification scientifique des moyens demandés pour chaque équipe partenaire impliquée dans le projet.

Explication

De telles activités de recherche ont nécessairement un coût proportionnel à leur ambition et à leurs retombées. Le service rendu auprès de l’Université de Lyon et de la Région Rhône-Alpes doit être pris en compte. Ces activités et donc leurs résultats seront donc proportionnées aux moyens mis à leur disposition.

Les budgets demandés sont donc importants et se rapprochent par leur montant de ceux alloués aux sciences économiques, voire à certaines sciences expérimentales. Ce changement d’échelle doit être interprété comme un changement de pertinence des travaux.

1. Fonctionnement

a. Des missions

Le principe est d’assurer aux cinq chercheurs membres à la base du programme deux missions d’étude de deux semaines chacune dans la région qu’ils étudient. Les frais supplémentaires sont à leur charge et ils devront les financer par des activités spécifiques.

Il est demandé aux chercheurs de participer aux colloques dans le monde pouvant contribuer à leur information et à la communication de leurs travaux.

Des rapports sont demandés à la fin de chaque mission ainsi qu’un rapport d’activité en fin d’année montrant non seulement les publications mais aussi les activités de communication auprès de publics professionnels.

b. La création du Knowledge Society Network et le financement de ses activités

Le directeur du projet, Alain-Marc Rieu, doit disposer des moyens financiers lui permettant de développer le Réseau Société de connaissance, de rencontrer ses partenaires et surtout de négocier régulièrement à Bruxelles les projets du Réseau.

c. Communication : un site web dédié

Un site web sera mis en place pour communiquer les activités et les résultats ainsi que les activités du Réseau et des organismes ou programmes membres du Réseau.

Ce site aura aussi pour fonction de se servir de plate-forme en France à tous ceux qui sont concernés par l’épistémologie, l’histoire des sciences, des techniques et des industries, les politiques de recherche, etc. Le site devra offrir tout un ensemble de documents pour l’enseignement dans ces disciplines. C’est pourquoi il est important que le site soit conçu et géré par une personne dont les intérêts ou le début de carrière soient conformes à nos objectifs.

d. Organisation de séminaires, tables rondes, etc.

Les travaux réalisés seront communiqués à des publics professionnels, à des responsables universitaires, d’entreprise, des élus, des responsables régionaux, etc. Les écoles d’ingénieurs et les écoles de commerce de la Région et au delà sont les cibles privilégiées.

Ces activités auront lieu à Lyon et dans d’autres villes de la Région Rhône-Alpes ainsi que dans tout autre lieu souhaitant les organiser.

Ces activités pourront être organisées (voire financées) en partenariat avec des cabinets de conseil.

e. Accueil et encadrement de doctorants

C’est un des axes de développement. Il consiste à négocier avec les membres de l’IAO, leurs partenaires, les universités de Lyon et de la Région Rhône-Alpes la possibilité d’accueillir leurs étudiants doctorants. Etant donné la nature du programme, un effort particulier sera fait en direction des post doc.

La réception et l’encadrement des étudiants étrangers circulant dans le Réseau Société de connaissance sont une priorité.

2. Salaires

Demande d’une allocation de recherche pour M. Akira Hattori, doctorant à l’IAO