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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

Emergence des sciences cognitives

7 ème séance : séminaire sur les passions cognitives

23 mai 2008
9h 30 - 17h, locaux du CRESAL/MODYS à St-Etienne
contact : Florian Charvolin, DUMAIN Aurélie, Jacques Roux

Intervention de Pierre Floux, doctorant en sociologie (laboratoire SAD APT / INRA).

Présentation de sa thèse et de la journée par l’auteur.

« Pour augmenter la qualité de la vie, de la consommation, des choses, diminuer les risques et obtenir de meilleurs comportements, les prescripteurs cherchent à infléchir les conduites des usagers en travaillant à définir les qualités et les risques et à « faire agir » en conséquence. Mais de leur côté, même s’ils sont sensibles aux messages qui leur sont adressés, les usagers sont parfois travaillés par d’autres contraintes comme leurs habitudes, les autres personnes et les objets présents dans la situation, etc. C’est la question des appuis dont les acteurs (prescripteurs et usagers) disposent, ceux qu’ils vont mobiliser ou au contraire écarter pour orienter leurs actions et celles des autres, que notre thèse propose d’examiner. Comment faire pour ajuster les définitions que prescripteurs et usagers se font des qualités et des risques ? De quoi une « bonne » prescription doit-elle prendre la mesure pour maximiser son efficacité et s’assurer que les usagers la reprennent à leur compte lorsqu’ils se trouvent en situation d’agir ? Pour répondre à ces questions, nous analysons trois terrains (la sécurité routière ; l’organisation du marché des vins de qualité de terroir ; les cueilleurs, les gastronomes et les intermédiaires du marché des morilles) où l’ajustement entre prescriptions – entendues au sens large du « faire agir » – et qualités se configure selon des modalités et des résultats contrastés.

Le thème de la journée : Aimer aimer les morilles.

La matinée : Pourquoi les « chasseurs de morilles » se passionnent-ils pour cette cueillette ?

Avec la « chasse aux morilles », nous présentons une activité où la passion s’élève au rang de méthode. Sans passion, point de morilles. Car loin de s’offrir au premier regard, les morilles restent très difficiles à percevoir, y compris pour les « morilleurs » aguerris. Leur activité souligne la rareté des morilles et en retour, cette rareté les stimule. Les morilleurs s’appuient sur une batterie de techniques pour trouver des morilles. De l’attente des prémisses annonciatrices du début de la saison, à l’espionnite qui consiste à suivre un concurrent pour lui voler « ses » morilles, jusqu’à l’état fiévreux auquel certains morilleurs s’abandonnent, cette cueillette passe nécessairement par un engagement passionné.

L’après-midi : L’ethnographie comme « apprivoisement » de l’observateur par l’observé.

En revenant sur les premiers pas d’une observation participante menée sur plusieurs années auprès d’un « chasseur de morilles » franc-comtois qui allait devenir notre informateur privilégié, nous sommes peu à peu conduits à penser de façon tout à fait inversée, par rapport au statut épistémologique négatif qui lui est attribué classiquement, la relation d’influence que l’observé et l’observateur entretiennent nécessairement sur le terrain. Loin d’être le piège à éviter et le biais dont il faut se méfier, l’apprivoisement – traduction « positive » de l’influence – est l’outil par lequel l’ethnographe devient un témoin fiable, un « bon » observateur, en mesure de percevoir ce qui compte sur son terrain. » Discutants : Thomas Balliner, Aurélie Dumain, Jérôme Michalon (MODYS) Articles à lire avant la séance (diffusés aux participants) : FLOUX, Pierre, (en soumission), « “S’il vous plaît... fais-moi voir une morille !“ L’ethnographie comme « apprivoisement » de l’observateur par l’observé ». FLOUX, Pierre, 2006, « Chercheurs de morilles », Spécial Champignons Magazine, avril-mai, n°52, pp. 16-21.

Inscription avant lundi 19 mai, afin de réserver le repas pris en commun le midi.