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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

La question des interfaces entre science, technique et société

Thème

Responsable(s) : Joëlle Forest

Pour comprendre les dynamiques qui font et qui entourent les sciences et la technologie dans la société, il convient d’examiner non seulement leurs processus internes, mais aussi les interactions à l’œuvre entre acteurs.

Le présent projet de recherche fait l’hypothèse que la question des interfaces, entendus comme les rapports et interactions constructifs entre science et technique ne sont pas réductibles à la seule influence plus ou moins critiquable de l’une sur l’autre, pas plus qu’ils ne sont réductibles à une relation qui ferait de la technique une application de la science. En ce sens, notre projet de recherche vise à interroger la relation d’interface spécifique que la technologie organise entre science et technique.

Nous faisons en outre l’hypothèse que les interfaces ont un rôle essentiel dans la réorganisation de la cartographie des savoirs. L’enjeu est donc de penser la question des interfaces pour en faire non une question épistémologique périphérique mais un facteur d’engendrement de nouveaux concepts et construction de nouveaux champs de savoir.

Il s’agit aussi d’apprécier la place et le rôle des acteurs (experts, profanes, savants...) dans l’élaboration d’interfaces entre science, technique et société.

La sociologie des sciences, tant du côté des investigations en laboratoire que dans les enquêtes sur les formes de sciences citoyennes, a montré tout le bénéfice à attendre à travailler aux zones de contact entre modalités de connaissance et contextes de mobilisation de connaissances. Que ce soit dans les domaines des risques (environnement, technologiques, santé) où ceux de la culture scientifique (amateurs, curiosité critique), il est avéré que l’engagement, en science, des différentes composantes de la société civile est un facteur décisif des inventions et des mises en œuvre des différentes formes de connaissance. L’expertise profane, l’accessibilité aux savoirs académiques sous de nouveaux média (internet), le renouvellement des modes de jugement critique sur les progrès scientifique et technique, sont autant de points d’opérations conjoints entre dynamiques scientifiques et dynamiques sociales.

L’enjeu de ce projet n’est pas exclusivement « scientifique » il est également économique et sociétal.

Economique car si on accepte l’idée d’une corrélation entre savoirs et innovation il est alors possible de s’interroger sur les implications d’une nouvelle cartographie des savoirs sur la capacité d’innovation d’une région ou économie. L’enjeu peut être aussi de stimuler le jeu des interfaces pour favoriser le processus d’innovation. Sociétal, car se demander comment se constitue l’espace de la science n’est pas sans lien avec la question sur sa place sociale. Ce projet devrait également permettre de porter un regard critique sur la formation scientifique, ses modalités et « outils », sur l’insertion sociale de la connaissance (profane et académique), et sur les enjeux sociétaux de demandes de science. Partant des enjeux précédemment cités, les objectifs de ce sujet sont :
- 1 | de questionner la cartographie traditionnelle des savoirs qui a présidé à la structuration des écoles d’ingénieurs en la rapportant à la cartographie que peuvent engendrer les sciences de l’artificiel
- 2 | d’observer et penser les conditions et les mouvements d’émergence et de construction des interfaces. En particulier lorsqu’on aborde la question de la technique à travers le concept de récit. Ce concept peut en outre être pensé comme un opérateur épistémologique, vecteur d’interfaces, qui peut permettre d’approcher l’articulation entre science et technique.
- 3 | d’observer l’appropriation de nouvelles sciences et techniques par le grand public (par l’identification des mythes accompagnant ces nouvelles sciences et techniques). Il sera question d’identifier de nouveaux modèles de référence et les mythes, métaphores et analogies qui s’y rapportent et les animent
- 4 | d’observer la diffusion des interdisciplines dans le monde académique au travers de cas-types précis (économie-biologie...) : selon quelles légitimités s’inscrivent-elles ?
- 5 | d’identifier les « objets » (conceptuels, matériels) constitutifs des interfaces, leurs usagers et les modalités de cet usage afin de comprendre une nouvelle cartographie des savoirs