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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

Le refus de l’étude du génome humain par les peuples autochtones des colonies de peuplement anglo-saxonnes

Opération de recherche

Responsable(s) : Susanne BERTHIER

1 - contexte scientifique et objectifs du projet / 2 - description du projet, méthodologie / 3 - résultats attendus

Ce sujet de recherche s’inscrit dans l’étude du discours sur la science et en particulier des représentations liées à l’identité. Depuis Watson et Crick, les découvreurs de l’ADN, plus d’un demi-siècle s’est écoulé. Dans les années 1980, la génétique est apparue comme un alphabet qu’il suffisait de déchiffrer. On imaginait alors le génome humain comme une vaste encyclopédie dont la connaissance allait permettre des avancées significatives dans le domaine médical. Dans cette première phase de la recherche en génétique, des laboratoires ont breveté de l’ADN, et en particulier de l’ADN humain, dans le cadre de la recherche sur le cancer.

Il est rapidement apparu que les critiques de telles pratiques dépassaient le cadre juridique et la publicité qui en a été faite dans les médias a révélé les peurs de l’homme d’être dépossédé de son être par des entités supranationales, ou extranationales, qui semblaient échapper à tout contrôle.

Puis la recherche semble avoir réduit ses ambitions. L’ADN n’était plus ce livre ouvert qui allait permettre de quantifier l’humain mais cependant un nouveau champ d’études s’ouvrait, celui de l’investigation génétique, en particulier dans le cadre d’enquêtes policières. Dans l’imaginaire collectif, l’étude du génome humain cristallisa les angoisses identitaires. L’analyse était-elle fiable ? Y avait-il un risque d’être pris pour quelqu’un d’autre ? Alors que dans les pays occidentaux, ces peurs se focalisaient sur des questions d’identité individuelle, pour les peuples autochtones, l’étude du génome humain fit ressurgir la question de la mise en évidence du métissage qui, de façon plus ou moins violente, a marqué le début de la phase de contact avec l’homme blanc, voire l’époque de l’esclavage.

L’objectif de ce projet est de rendre compte du refus de l’étude du génome humain par les peuples autochtones des colonies de peuplement anglo-saxonnes. Alors que ces peuples ne sont pas menacés d’extermination, qu’ils disposent de terres protégées et d’une certaine autonomie culturelle, leur situation reste précaire. L’assimilation à la population majoritaire, l’exogamie, et la nécessité d’utiliser l’anglais pour leur vie extra-groupale, les rendent vulnérables. S’ajoute à cela une dette, souvent fixée par un traité, par laquelle le groupe dominant doit une forme d’assistance au groupe dominé, en échange des terres transférées.

Le métissage génétique prend alors un sens économique qui peut expliquer les réticences des autochtones à devenir sujets d’étude. En effet, si l’analyse de leur ADN met en évidence une filiation génétique hybride, la société majoritaire aura tendance à ne retenir que ce critère génétique, et non plus culturel, pour refuser une assistance économique sans laquelle un peuple privé de ses terres ne peut survivre.

Cette étude propose, dans sa phase 1 (court terme, 2008) d’unifier les pratiques établies pour l’étude des minorités et des autochtones de chacun pays anglophones (États-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) et d’étudier les discours autochtones sur le terrain. Cette première phase doit fournir matière à publication et préparer les phases d’ouverture 2 et 3.