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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

Sciences, techniques, pouvoirs, fictions : discours et représentations, XIXème-XXIème siècles

Séminaire "Littérature et médecine (XIXe-XXe siècles)" : conférence d’ Isabelle SMADJA : " De la folie à la maladie mentale : le théâtre entre tradition et innovation ".

23 mai 2007
17h30 - 19h00, en salle C008 (prés de la bibliothèque de l’UFR des Lettres et Arts, entrée par le C006).
contact : Geneviève Chignard

L’Histoire de la folie à l’âge classique de Michel Foucault s’achève par le constat d’une disparition : « Dans les hôpitaux, la pharmacologie a déjà transformé les salles d’agités en grands aquariums tièdes. (...) La folie, halo lyrique, ne cesse de s’éteindre. »

Comment le théâtre a-t-il réagi à la mutation culturelle qui a vu disparaître la fascinante sauvagerie de la folie, et apparaître les tièdes aquariums de la maladie mentale ? A-t-il pu sauvegarder l’héritage d’une folie noble d’un Hamlet ou d’un Lear, dans une société où les fous sont devenus des malades que l’on doit guérir ?

Si certains dramaturges contemporains interrogent la relation entre psychiatres et patients, la plupart sont extrêmement réticents à user du concept de maladie mentale : Pinter va même jusqu’à identifier torture et internement psychiatrique. Et un grand nombre de pièces, négligeant la psychiatrie, se chargent de folie, de démesure, d’angoisse, et non de ce qui est répertorié comme maladie mentale.

Mais peut-on encore aujourd’hui, comme Foucault et pour « échapper au matériel psychiatrique qui n’a pas cessé d’emprisonner le fou », parler de fous au lieu de psychotiques ? Ou doit-on faire sien le reproche que Derrida lui adresse : « ce concept de folie qui n’est jamais soumis à une sollicitation thématique est un faux concept. » ? Même les frontières entre simulateur et vrai fou, normal et anormal, raisonnable et déraisonnable ne sont pas très sûres.

Et pourtant, parce qu’elle a cette auréole de mystère qui l¹intellectualise, parce qu’elle possède cette équivocité qui ouvre au jeu des interprétations, la folie a tous les attributs d’une catégorie esthétique.

S’il n’y a plus de « fous » mais de « pauvres petits malades » comme Janet le disait de Raymond Roussel, quelles sont les conséquences au théâtre ?