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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

La désaffection des jeunes pour les études scientifiques

Opération de recherche

Porteurs du projet

Jean-Luc Dorier, PU de mathématiques, IUFM de l’Académie de Lyon, Équipe DDM, laboratoire Leibniz, UMR 5522, CNRS / INPG / UJF, Grenoble ; Sylvie Cèbe, MCF de sciences de l’éducation, Directrice Adjointe chargée de la recherche, IUFM de l’Académie de Lyon, UMR Apprentissage, Didactique, Évaluation et Formation, Université de Provence, INRP Michelle Zancarini-Fournel, PU en Histoire contemporaine, IUFM de l’Académie de Lyon, UMR LARHRA

Présentation

Cette étude, centrée sur la question de la transmission des savoirs scolaires et universitaires, associe plusieurs disciplines complémentaires (histoire, didactiques des mathématiques et des sciences, psychologie des apprentissages) ; elle vise à chercher les raisons de la désaffection des élèves pour les études scientifique. Les études scientifiques moins attractives que par le passé : mythe ou réalité ?

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Si l’on s’en tient aux données décrites par différents rapports concernant cette question (Ourisson, 2002 ; Impériali, 2003), nul doute qu’on assiste bien depuis le milieu des années quatre-vingt-dix à une crise de vocation pour les études scientifiques. Et l’on comprend, à la lecture de la quantité d’articles publiés à ce sujet, que les scientifiques, eux-mêmes, s’inquiètent pour le devenir de leurs disciplines. Une étude plus fine de ce phénomène prenant en compte les questions de genre montre cependant que la désaffection touche plus fortement les garçons que les filles, celles-ci étant plus nombreuses qu’auparavant à choisir les études scientifiques, même si leur présence dans les écoles d’ingénieurs reste faible. D’autre part les études statistiques mettent en évidence que, le fait que les élèves de milieux populaires, s’ils fréquentent plus longtemps qu’avant les bancs de l’école, ils sont, et depuis longtemps, une minorité à accéder aux études supérieures et un nombre encore plus réduit à opter pour les disciplines scientifiques.

Le constat de la désaffection ou le manque d’appétence pour les études scientifiques est désormais clairement posé et il nous paraît important de chercher des solutions raisonnables pour changer le cours des choses. C’est l’objectif de ce projet qui vise à chercher comment aider les uns à sortir de la crise et donner aux autres, à tous et toutes les autres, l’envie de suivre et de poursuivre des études scientifiques. Cette recherche rassemble des enseignants-chercheurs de disciplines contrastées : les mathématiques et les sciences et leurs didactiques, l’histoire contemporaine (l’histoire des femmes et du genre), la psychologie du développement et des apprentissages et les sciences de l’éducation. Trois thématiques de recherche sont proposées

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1 | Le genre (gender) des disciplines et des concours

Avec la boussole commune de la désaffection des études scientifiques, l’approche historique permettra de s’interroger sur le genre (gender) des disciplines et des concours, c’est-à-dire sur les modalités de choix entre disciplines considérées comme « masculines » et les disciplines considérées comme « féminines ». La question du genre des concours a aussi été récemment posée Nous envisageons donc d’appliquer ce questionnement aux concours d’entrée aux ENS de Lyon : Sciences et LSH en interrogeant par une étude quantitative et qualitative (entretiens et suivis de cohorte) les réussites des filles et des garçons dans deux périodes successives : 1976-1986 (de la loi Haby sur la mixité à la mixité complète des ENS) et 1987-1996 (répartition dans les filières littéraires et scientifiques des bacheli/er/ère/s) pour comprendre les choix des unes et des autres. Il s’agit de comprendre pourquoi des filles, titulaires d’un bac scientifique, choisissent de passer le concours d’entrée en lettres ; inversement comprendre aussi les parcours « atypiques » de garçons ayant choisi la filière littéraire.

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2 | Les didactiques des mathématiques et des sciences

L’hypothèse de ce travail est que la désaffection des élèves pour les études scientifiques provient du fait que ceux-ci ne perçoivent pas les enjeux de cet enseignement dans la vie sociale. Dans un premier temps, cette étude cherchera à faire l’état des lieux des contenus des enseignements scientifiques dans une classe importante, la seconde, classe de détermination de l’orientation ultérieure. On observera comment ces contenus s’organisent entre les différents enseignements scientifiques et mathématiques et dans quelle mesure ils peuvent prendre une signification dans la société. Cette partie du travail s’appuiera sur le cadre théorique de l’anthropologie du didactique proposé par Chevallard et débouchera sur des propositions curriculaires visant à améliorer cet état de fait. Dans un second temps, la recherche vise à expérimenter des ingénieries didactiques en particulier pluridisciplinaires en s’appuyant sur la théorie des situations didactiques développée par Guy Brousseau

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3 | Inégalités sociales dans l’accès aux études scientifiques

De nombreux travaux montrent que le rôle des pratiques enseignantes est étroitement lié à la production des difficultés et des inégalités scolaires. Il nous paraît donc nécessaire d’étudier l’impact, sur les orientations et les choix des élèves des phénomènes suivants :
- les cadres de travail mis en place par les enseignants et les modalités d’adaptation qu’ils font en relation avec leurs conceptions et les représentations qu’ils ont des élèves ; le choix de contenus réalisés consciemment ou non et qui peuvent faciliter, freiner les apprentissages ;
- l’interprétation que font les élèves des situations, activités, tâches et cadres de travail qui leur sont proposés, et les effets desdites interprétations sur leur mobilisation en classe d’une part et leurs performances scolaire d’autre part.

De nombreux travaux ont en effet montré que la qualité d’ajustement didactique des enseignants à l’activité réelle de leurs élèves, les aides et les sollicitations qu’ils leur offrent en cours d’activité (ou en temps différé lors de la correction et de l’annotation de leurs productions écrites) sont très variables selon le niveau de compétences de ceux-ci. Pour les élèves les plus en difficulté, les régulations de type comportemental et le souci que les élèves parviennent à un niveau minimal de réussite des tâches l’emportent souvent sur la possibilité, voire le souci, de les rendre actifs dans les registres cognitifs pertinents pour l’apprentissage visé.

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Les forces

Sylvie Cèbe, MCF de sciences de l’éducation, Directrice Adjointe chargée de la recherche, IUFM de l’Académie de Lyon, UMR Apprentissage, Didactique, Évaluation et Formation, Université de Provence, INRP Jean-Luc Dorier, PU de mathématiques, IUFM de l’Académie de Lyon, Équipe DDM, laboratoire Leibniz, UMR 5522, CNRS / INPG / UJF, Grenoble Michelle Zancarini-Fournel, PU en Histoire contemporaine, IUFM de l’Académie de Lyon, UMR LARHRA

Membres des pôles de recherche PREMST et école et Société (IUFM de l’Académie de Lyon) Membres du réseau RESEIDA, Recherches sur la Socialisation, l’Enseignement, les Inégalités et les Différenciations dans les Apprentissages, Université de Paris 8, Vincennes-Saint-Denis

Modalités

- Pour la thématique 1, devront être mobilisées les archives des deux ENS lyonnaises et les annuaires des anciens élèves. Un questionnaire sera réalisé en direction des élèves des promotions 1976-1996 ainsi que des entretiens approfondis avec des ancien/ne/s élèves volontaires.
- Pour les thématiques 2 et 3, étude des programmes, des manuels, des exercices et pratiques pédagogiques proposés aux élèves : de seconde (thématique 2) ; de milieux populaires en les comparant à ceux dont bénéficient les élèves de milieux plus favorisés (thématique 3 ).

Les trois équipes prévoient de tenir un séminaire de travail une fois par trimestre pour faire le point sur l’avancée des travaux. Résultats attendus :

À l’issue de ce travail, nous pensons pouvoir mieux comprendre les causes historiques, didactiques et pédagogiques de la désaffection des uns et du non choix des autres et d’être en mesure de faire des propositions concrètes destinées aux décideurs politiques (État et Région) et aux enseignants.

Références citées

Impériali, F. (2003). Études scientifiques, la désaffection se poursuit, Journal du CNRS, n° 159. Ourisson, G. (2002). Désaffection des étudiants pour les études scientifiques, Rapport remis au ministère de la Jeunesse, de l’Éducation et de la recherche, http://www.education.gouv.fr/rappor...