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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

Thème 2. L’insertion sociale des techniques

Opération 1 : Démarche artistique et démarche scientifique

25 avril 2006
contact : Jean Caune

La médiation scientifique, en tant que pratique professionnelle, et en tant que processus de communication met en jeu, non seulement une didactique scientifique particulière, fondée non sur l’ignorance des sujets destinataires des actions de médiation, mais sur leurs compétences préalables et leur volonté de connaître mieux les enjeux liés au développement de la science et des techniques. L’objectif est donc d’analyser l’articulation entre objets, textes, outils pédagogiques, espaces d’accueil et médiation humaine. Au-delà du projet de communication scientifique, de transmission et d’accès aux savoirs construit par les structures culturelles spécifiquement dédiées à la culture scientifique, comment se construisent des réseaux de coopération pour l’accès aux savoirs entre structures investies de missions différentes (culture scientifique, lecture publique, éducation populaire, espaces de débats) mais convergentes du point de vue du projet de démocratisation culturelle ? Lorsque des équipements à fonctions multiples, mais liées par une ambition commune de communication scientifique et d’accès aux savoirs, quels outils de communication et de médiation construisent-ils en commun ? Comment s’articulent enjeux de la communication et enjeux des structures ? Comment les populations et les publics interprètent-ils les messages dont ils sont destinataires et participent-ils à la construction du sens dans les situations dans lesquelles ils s’engagent ?

§§§§§ Il s’agit ainsi non pas de s’interroger sur la convergence des pratiques artistiques et scientifiques mais de décrire, d’analyser et de problématiser ce qui passe dans des expériences singulières de rencontre entre une démarche artistique portée par un artiste et une démarche scientifique portée par un chercheur. Il nous paraît important d’introduire dans la réflexion, un tiers qui est le public, ou plus précisément pour échapper, dans un premier temps, à une notion sociologique et institutionnelle, à l’audience ou à la présence d’un public auprès de qui la rencontre et le processus de travail sont présentés.

Nous sommes convenus de nous donner comme objet de description et d’analyse, la construction des Rencontres Imaginaires de 2007 qui associent de nombreux partenaires dont l’Hexagone, le CCSTI, le CEA ( Idea’s lab) et le CAUE. Cet objet, dans sa construction, (le festival et le Labo I) engendre un réseau de collaborations et de partenariats qui associe des entreprises, des laboratoires, des artistes dans des expériences sensibles et cognitives partagées. C’est aussi cette genèse de réseau d’acteurs qui nous paraît être un objet d’étude particulièrement riche. Signalons également qu’un des questionnements que nous nous proposons d’observer est celui des représentations de l’espace-temps qui se formulent dans la rencontre de ces démarches.

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Conçues par l’Hexagone - Scène Nationale de Meylan - comme un dispositif d’action culturelle et artistique adapté à un territoire marqué par une forte présence de la recherche scientifique et de ses applications industrielles, les Rencontres-i Festival des imaginaires se sont vite avérées être un objet particulier, à la frontière de la culture scientifique et technique, de l’approche de démarches artistiques, explorant les relations entre arts et sciences, oeuvrant avec volontarisme pour la relation entre artistes, scientifiques et industriels. Ce nouveau type de programmation culturelle place chaque événement dans un dispositif le plus souvent ternaire : artistes - scientifiques - publics, et plus largement dans une configuration réticulaire de collaboration de plus en plus complexe. Ce dispositif met en jeu les éléments de la complexité, facteur d’enrichissement de la vie culturelle d’un territoire.

Ainsi se construit un réseau d’acteurs qui, dans une approche classique et dans les dispositifs institutionnels traditionnels, n’ont habituellement rien à faire ensemble. C’est une certaine idée de la convergence, une approche citoyenne favorisant la curiosité et l’émergence de nouveaux modes participatifs du public, l’intuition que la rencontre entre démarches artistiques et démarches scientifiques est facteur d’innovation, qu’elle favorise l’appréhension des nouvelles représentations du monde.

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Les Rencontres-i se construisent sur deux axes : le festival lui-même, organisé comme une programmation, et une activité de recherche sous forme d’atelier expérimental de production réunissant un artiste et un scientifique. Pour accompagner leur développement, les Rencontres-i ont besoin d’un double soutien analytique : d’une part, repérer leur positionnement épistémologique notamment dans le processus de rencontre arts - sciences ; d’autre part, la multiplicité des acteurs institutionnels engagés fait entrevoir de nouveau modes de relation et des interactions entre dispositifs institutionnels. Qu’en est-il réellement ? Quels enjeux et quelles perspectives futures sont ainsi dessinés ?

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La préparation tout au long de l’année 2006 des prochaines Rencontres-i, prévues pour 2007, offre l’occasion d’étudier les modes collaboratifs de construction de l’événement culturel dès son premier niveau de conception. Deux axes de travail seront plus particulièrement privilégiés :

- la rencontre entre des modèles de médiation culturelle (artistique et scientifique) issus de mondes professionnels différents : les arts de la scène, et la culture scientifique, technique et industrielle.
— Quels types d’hybridation entre des pratiques professionnelles et des compétences différenciées peuvent être observés ?
— Comment cette rencontre entre des modes de méditation permet-elle, non pas de s’adresser à un public prédéfini, mais de construire un public (en dehors d’une simple démarche additionnelle) ?
— Quels types de liens nouveaux sont établis entre la culture et le monde du travail ?
— Quelles correspondances, enfin, peut-on discerner entre les interactions artistes / scientifiques dans l’élaboration de formes symboliques, et les modes de médiation destinés à instaurer des liens avec les populations ?

- les médiations symboliques de l’artiste et du scientifique.
— Comment des artistes enrichissent-ils les représentations de la science, voire concourent à sa production ?
— Quelles sont les caractéristiques communicationnelles de leur mise en perspective ?
— Quel regard les artistes proposent-ils sur la science, caractérisant leur contribution à ce niveau ?

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Références bibliographiques

- Bordeaux Marie-Christine, Guinchard Christian , Burgos Martine , Action culturelle et lutte contre l’illettrisme, 2006, La Tour d’Aigues : Ed. de l’Aube
- Bordeaux Marie-Chritstine, « L’éducation artistique et culturelle », in Guy Saez (dir.), Institutions et vie culturelles, 2005, Paris : La Documentation française (coll. Les Notices)
- Bordeaux Marie-Christine, « Une médiation paradoxale : La Danse, une histoire à ma façon », MEI Médiation et information [19] : Médiation et médiateurs, 2004, p. 97-107
- Bordeaux Marie-Christine, « Les nouvelles données de l’éducation artistique », in Françoise Buffet (dir.), Education et culture en Europe : Le rôle du partenariat, 2004, Paris : L’Harmattan (coll. Education et société), p. 223- 230
- Caune J., « La culture scientifique et technique en question », in Pailliart I. (dir.) La publicisation de la science, PUG, 2005