Les programmes de recherche sur la biodiversité comme actualisation d’une dynamique scientifico-politique

Directrice de thèse : Joëlle Le Marec, C2SO, ENS LSH

Le concept de biodiversité a connu un grand succès jusqu’à se constituer comme un thème structurant pour la communauté de recherche. Ce thème englobant amène à reconsidérer l’articulation des différents niveaux d’organisation du vivant ainsi que l’interaction entre les systèmes naturels et sociaux. Mais ne constitue-il pas aussi un mode nouveau d’articulation au politique ? Comment comprendre les modes d’engagement des chercheurs par rapport à une « demande sociale » ? Il nous paraît alors particulièrement pertinent d’interroger les modèles de communication du dialogue science et politique mobilisés à l’occasion de la structuration de la communauté de recherche autour de la biodiversité. Dépassant une conception diffusionniste de ce concept, il nous revient alors d’expliquer l’organisation de ce domaine de recherche comme une dynamique scientifico-politique. Dans ce but, nous nous sommes intéressés aux publications scientifiques, à la structuration institutionnelle, aux conférences internationales, aux programmes de recherche ainsi qu’à la perception des cadres de recherche par les chercheurs. L’articulation de ces indicateurs a d’abord confirmé la grande hétérogénéité de ce champ et son irréductible complexité. Il nous est néanmoins apparu que le projet de recherche, en tant d’une proposition collective développée en réponse à un appel d’offre, constituait un dispositif privilégié de la production de connaissance et d’organisation de cette hétérogénéité. Objet communicationnel, le programme de recherche est un point de rencontre entre la « demande sociale » et l’engagement de la communauté de recherche, ainsi, il condense et actualise différentes logiques (scientifique, politique, social, institutionnelle et médiatique). L’étude historique des programmes de recherche, en particulier les textes en circulation que sont les appels d’offre, permet de mettre en évidence les axes fondamentaux de ce domaine mais aussi les variations en fonction des situations de communication ou le fonctionnement socio-discursif de ce concept. L’observation et le suivi de trois projets sont l’occasion d’apprécier comment les principes repérés précédemment s’actualisent dans ces dispositifs. Il sera alors question des positionnements et des pratiques de communication des chercheurs ainsi que des modalités de relations avec les différents acteurs impliqués (gestionnaires de l’environnement, instances politiques locales ou nationales, instance de promotion...).