La génétique humaine : Enjeux de son enseignement dans 19 pays. Ses représentations dans les manuels scolaires et chez les enseignants.

Doctorant : Jérémy Castéra Directeurs de thèse : Pierre Clément et Catherine Bruguière EA 4148 LEPS (équipe LIRDHIST), Université Lyon 1, Villeurbanne.

Notre thèse s’inscrit dans le cadre du Cluster 14 dans le sens où notre problématique porte sur les enjeux de l’enseignement de la génétique humaine à travers l’analyse de ses représentations dans les manuels scolaires et chez les enseignants, dans 19 pays.

La génétique humaine connaît un changement de paradigme majeur avec la rupture entre le « tout-génétique » et l’épigénétique (Atlan, 1999 ; Morange, 2005). Or cette révolution scientifique n’est pas sans lien avec un changement de valeurs associées à la génétique humaine. Le modèle réductionniste centré sur le déterminisme linéaire simple du phénotype par le génotype (XXe siècle) est aujourd’hui dénoncé par certains scientifiques qui lui attribuent une signification idéologique (innéisme, fatalisme), ce qu’évite le modèle « interactionniste » qui met en avant le rôle majeur des interactions entre le génome et son environnement dans la construction des organismes (Lewontin, 2003). Cette critique des pseudo-justifications biologiques du fatalisme est ainsi associée à des valeurs plus citoyennes.

On peut alors se demander si ces changements se sont opérés dans les programmes et manuels des 19 pays partenaires du projet européen de recherche BIOHEAD-Citizen (2004-2008), et dans les conceptions des enseignants de ces 19 pays. Plus particulièrement, nous nous sommes interrogés sur les relations existant entre les connaissances scientifiques enseignées et certaines valeurs (telles que les idéologies innéistes, sexistes, voire racistes) mais aussi sur l’origine socioculturelle (pays, religions, genre, niveau d’éducation, …) des diverses conceptions des enseignants.

Ce travail a pu bénéficier de l’apport méthodologique du projet européen BIOHEAD-Citizen dont P.Clément (du LEPS/LIRDHIST) a assumé la co-responsabilité scientifique. Nous avons nous-même activement participé au recueil des données sur la France, et assuré la responsabilité (J.Castéra et P.Clément) de l’un des six thèmes du projet, celui concernant la génétique humaine. Nous avons ainsi joué un rôle majeur dans l’élaboration collective des méthodologies mises en œuvre : 1. Une grille pour analyser les programmes et manuels scolaires relatifs à la génétique humaine. 2. Un questionnaire pour analyser les conceptions des enseignants sur ce thème

Certains résultats seront présentés et discutés, à partir de quelques exemples : les représentations des jumeaux sont marquées par une idéologie innéiste implicite dans la majorité des pays étudiés. En revanche, il existe chez les enseignants des conceptions relatives à la génétique humaine très différentes d’un pays à un autre, mais aussi en fonction d’autres facteurs socioculturels (le genre, la religion, …).

 ATLAN H. (1999). La fin du tout génétique. Paris : INRA.
 CARVALHO G., CLEMENT P., BOGNER F. (2004). Biology, Health and Environmental Education for better Citizenship. Projet de recherche soumis à la Communauté Européenne (FP6, Priority 7). Volume, DOI : http://www.biohead-citizen.net/
 LEWONTIN R. C. (2003). La triple hélice. Les gènes, l’organisme, l’environnement. Paris : Edition du Seuil.
 MORANGE M. (2005). Quelle place pour l’épigénétique ? Medecine Science, 21, 367-369.